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精神病与心理学法文版.doc

1、(1962) Maladie Mentale et Psychologie|PAGE 1 INTRODUCTIONDeux questions se posent: sous quelles conditions peut-on parler de maladie dans le domaine psychologique ? Quels rapports peut-on dfinir entre les faits de la pathologie mentale et ceux de la pathologie organique? Toutes les psychopathologies

2、 se sont ordonnes ces deux problmes: il y a les psychologies de lhtrognit qui se refusent, comme la fait Blondel, lire en termes de psychologie normale les structures de la conscience morbide; et, au contraire, les psychologies, analytiques ou phnomnologiques, qui cherchent ressaisir lintelligibilit

3、 de toute conduite, mme dmente, dans des significations antrieures la distinction du normal et du pathologique. Un partage analogue se fait galement dans le grand dbat de la psycho-gense et de lorgano-gense : recherche de ltiologie organique, depuis la dcouverte de la paralysie gnrale, avec son tiol

4、ogie syphilitique; ou analyse de la causalit psychologique, partir des troubles sans fondement organique, dfinis la fin du XIXe sicle comme syndrome hystrique.Tant de fois repris, ces problmes, aujourdhui, rebutent, et il serait sans profit de rsumer les dbats quils ont fait natre. Mais on peut se d

5、emander si lembarras ne vient pas de ce quon donne le mme sens aux notions de maladie, de symptmes, dtiologie en pathologie|PAGE 2mentale et en pathologie organique. Sil apparat tellement malais de dfinir la maladie et la sant psychologiques, nest-ce pas parce quon sefforce en vain de leur appliquer

6、 massivement des concepts destins galement la mdecine somatique? La difficult retrouver lunit des perturbations organiques et des altrations de la personnalit, ne vient-elle pas de ce quon leur suppose une structure de mme type ? Par del la pathologie mentale et la pathologie organique, il y a une p

7、athologie gnrale et abstraite qui les domine lune et lautre, leur imposant, comme autant de prjugs, les mmes concepts, et leur indiquant les mmes mthodes comme autant de postulats. Nous voudrions montrer que la racine de la pathologie mentale ne doit pas tre cherche dans une quelconque mtapathologie

8、, mais dans un certain rapport, historiquement situ, de lhomme lhomme fou et lhomme vrai.Cependant un bilan rapide est ncessaire, la fois pour rappeler comment se sont constitues les psychopathologies traditionnelles ou rcentes, et pour montrer de quels pralables la mdecine mentale doit tre conscien

9、te pour trouver une rigueur nouvelle.|PAGE 3CHAPITRE PREMIERMDECINE MENTALE ET MDECINE ORGANIQUECette pathologie gnrale dont nous venons de parler sest dveloppe en deux tapes principales.Comme la mdecine organique, la mdecine mentale a tent, dabord, de dchiffrer lessence de la maladie dans le groupe

10、ment cohrent des signes qui lindiquent. Elle a constitu une symptomatologie o sont releves les corrlations constantes, ou seulement frquentes, entre tel type de maladie et telle manifestation morbide: lhallucination auditive, symptme de telle structure dlirante ; la confusion mentale, signe de telle

11、 forme dmentielle. Elle a constitu, dautre part, une nosographie o sont analyses les formes elles-mmes de la maladie, dcrites les phases de son volution, et restitues les variantes quelle peut prsenter: on aura les maladies aigus et les maladies chroniques; on dcrira les manifestations pisodiques, l

12、es alternances de symptmes, et leur volution au cours de la maladie.Il peut tre utile de schmatiser ces descriptions classiques, non seulement titre dexemple, mais aussi pour fixer le sens originaire de termes classiquement utiliss.|PAGE 4Nous emprunterons aux vieux ouvrages du dbut de ce sicle des

13、descriptions dont larchasme ne doit pas faire oublier quelles ont t aboutissement et point de dpart.Dupr dfinissait ainsi lhystrie: tat dans lequel la puissance de limagination et de la suggestibilit, unie cette synergie particulire du corps et de lesprit que jai dnomme psychoplasticit, aboutit la s

14、imulation plus ou moins volontaire de syndromes pathologiques, lorganisation mythoplastique de troubles fonctionnels, impossibles distinguer de ceux des simulateurs (1). Cette dfinition classique dsigne donc comme symptmes majeurs de lhystrie, la suggestibilit, et lapparition de troubles comme la pa

15、ralysie, lanesthsie, lanorexie, qui nont pas, en loccurrence, de fondement organique, mais une origine exclusivement psychologique.La psychasthnie, depuis les travaux de Janet, est caractrise par lpuisement nerveux avec des stigmates organiques (asthnie musculaire, troubles gastro-intestinaux, cphal

16、es); une asthnie mentale (fatigabilit, impuissance devant leffort, dsarroi en face de lobstacle; insertion difficile dans le rel et le prsent: ce que Janet appelait la perte de la fonction du rel); enfin des troubles de lmotivit (tristesse, inquitude, anxit paroxystique).Les obsessions: apparition s

17、ur un tat mental habituel dindcision, de doute et dinquitude, et sous la forme daccs paroxystiques intermittents, dobsessions-impulsions diverses (2). On distingue de la phobie, caractrise par des crises dangoisse paroxystique devant des objets dtermins (agoraphobie devant les espaces vides),(1) Dup

18、r, La constitution motive (1911).(2) Delmas, La pratique psychiatrique (1929).|PAGE 5la nvrose obsessionnelle, o sont surtout marques les dfenses que le malade rige contre son angoisse (prcautions rituelles, gestes propitiatoires).Manie et dpression: Magnan a dnomm folie intermittente cette forme pa

19、thologique, dans laquelle on voit alterner, des intervalles plus ou moins longs, deux syndromes pourtant opposs: le syndrome maniaque, et le syndrome dpressif. Le premier comporte lagitation motrice, une humeur euphorique ou colreuse, une exaltation psychique caractrise par la verbigration, la rapid

20、it des associations et la fuite des ides. La dpression, linverse, se prsente comme une inertie motrice sur fond dhumeur triste, accompagne de ralentissement psychique. Parfois isoles, la manie et la dpression sont lies le plus souvent par un systme dalternance rgulier ou irrgulier, dont Gilbert-Ball

21、et a dessin les diffrents profils (1).La paranoa: sur un arrire-plan dexaltation passionnelle (orgueil, jalousie), et dhyperactivit psychologique, on voit se dvelopper un dlire systmatis, cohrent, sans hallucination, cristallisant dans une unit pseudo-logique des thmes de grandeur, de perscution et

22、de revendication.La psychose hallucinatoire chronique est elle aussi une psychose dlirante; mais le dlire est mal systmatis, souvent incohrent; les thmes de grandeur finissent par absorber tous les autres dans une exaltation purile du personnage; enfin et surtout il est soutenu par des hallucination

23、s.L hbphrnie, psychose de ladolescence est classiquement(1) G. BALLET, La psychose priodique, Journal de Psychologie, 1909-1910.|PAGE 6dfinie par une excitation intellectuelle et motrice (bavardage, nologismes, calembours; manirisme et impulsions), par des hallucinations et un dlire dsordonn, dont l

24、e polymorphisme sappauvrit peu peu.La catatonie se reconnat au ngativisme du sujet (mutisme, refus daliment, phnomnes appels par Kraepelin barrages de volont), sa suggestibilit (passivit musculaire, conservation des attitudes imposes, rponses en cho), enfin aux ractions strotypes et aux paroxysmes i

25、mpulsifs (dcharges motrices brutales qui semblent dborder tous les barrages instaurs par la maladie).Observant que ces trois dernires formes pathologiques, qui interviennent assez tt dans le dveloppement, tendent vers la dmence, cest-dire vers la dsorganisation totale de la vie psychologique (le dli

26、re seffrite, les hallucinations tendent faire place un onirisme dcousu, la personnalit sombre dans lincohrence), Kraepelin les a groups sous la dnomination commune de Dmence prcoce (1). Cest cette mme entit nosographique qua reprise Bleuler, en llargissant vers certaines formes de la paranoa (2); et

27、 il a donn lensemble le nom de schizophrnie, caractrise, dune manire gnrale, par un trouble dans la cohrence normale des associations -comme un morcellement (Spaltung) du flux de la pense -et dun autre ct, par une rupture du contact affectif avec le milieu ambiant, par une impossibilit entrer en com

28、munication spontane avec la vie affective dautrui (autisme).(1) KRAEPELIN, Lehrbuch der Psychiatrie (1889).(2) E. BLEULER, Dementia praecox oder Gruppe der Schizophrenien (1911).|PAGE 7Ces analyses ont la mme structure conceptuelle que celles de la pathologie organique: ici et l, mmes mthodes pour r

29、partir les symptmes dans les groupes pathologiques, et pour dfinir les grandes entits morbides. Or, ce quon retrouve derrire cette mthode unique, ce sont deux postulats qui concernent, lun et lautre, la nature de la maladie.On postule, dabord, que la maladie est une essence, une entit spcifique repr

30、able par les symptmes qui la manifestent, mais antrieure eux, et, dans une certaine mesure indpendante deux; on dcrira un fond schizophrnique cach sous des symptmes obsessionnels; on parlera de dlires camoufls; on supposera lentit dune folie maniaco-dpressive derrire une crise maniaque ou un pisode

31、dpressif.A ct de ce prjug dessence, et comme pour compenser labstraction quil implique, il y a un postulat naturaliste, qui rige la maladie en espce botanique; lunit que lon suppose chaque groupe nosographique derrire le polymorphisme des symptmes serait comme lunit dune espce dfinie par ses caractr

32、es permanents, et diversifie dans ses sous-groupes: ainsi la Dmence Prcoce est comme une espce caractrise par les formes ultimes de son volution naturelle, et qui peut prsenter les variantes hbphrniques, catatoniques ou paranodes.Si on dfinit la maladie mentale avec les mmes mthodes conceptuelles qu

33、e la maladie organique, si on isole et si on assemble les symptmes psychologiques comme les symptmes physiologiques, cest avant tout parce quon considre la maladie, mentale ou organique, comme une essence naturelle manifeste par des symptmes spcifiques. Entre ces deux formes de pathologie, il ny a d

34、onc|PAGE 8pas dunit relle, mais seulement, et par lintermdiaire de ces deux postulats, un paralllisme abstrait. Or le problme de lunit humaine et de la totalit psychosomatique demeure entirement ouvert.* *Cest le poids de ce problme qui a fait driver la pathologie vers de nouvelles mthodes et de nou

35、veaux concepts. La notion dune totalit organique et psychologique fait table rase des postulats qui rigent la maladie en entit spcifique. La maladie comme ralit indpendante tend seffacer, et on a renonc lui faire jouer le rle dune espce naturelle lgard des symptmes, et, lgard de lorganisme, celui du

36、n corps tranger. On privilgie, au contraire, les ractions globales de lindividu; entre le processus morbide et le fonctionnement gnral de lorganisme, la maladie ne sinterpose plus comme une ralit autonome; on ne la conoit plus que comme une coupe abstraite sur le devenir de lindividu malade.Dans le

37、domaine de la pathologie organique, rappelons pour mmoire le rle jou actuellement par les rgulations hormonales et leurs perturbations, limportance reconnue aux centres vgtatifs, comme la rgion du troisime ventricule qui commande ces rgulations. On sait combien Leriche a insist sur le caractre globa

38、l des processus pathologiques, et sur la ncessit de substituer une pathologie cellulaire, une pathologie tissulaire. Sely, de son ct, en dcrivant les maladies de ladaptation, a montr que lessence du phnomne pathologique devait tre cherche dans lensemble des ractions nerveuses et vgtatives qui sont c

39、omme la rponse globale de lorganisme |PAGE 9 lattaque, au stress, venu du monde extrieur.En pathologie mentale, on accorde le mme privilge la notion de totalit psychologique; la maladie serait altration intrinsque de la personnalit, dsorganisation interne de ses structures, dviation progressive de s

40、on devenir; elle naurait de ralit et de sens qu lintrieur dune personnalit structure. Dans cette direction on sest efforc de dfinir les maladies mentales, daprs lampleur des perturbations de la personnalit, et quon en est venu distribuer les troubles psychiques en deux grandes catgories: les nvroses

41、 et les psychoses.1) Les psychoses, perturbations de la personnalit globale, comportent: un trouble de la pense (pense maniaque qui fuit, qui scoule, glisse sur des associations de sons ou des jeux de mots; pense schizophrnique, qui saute, bondit par-dessus les intermdiaires et procde par -coups ou

42、par contrastes); une altration gnrale de la vie affective et de lhumeur (rupture du contact affectif dans la schizophrnie; colorations motionnelles massives dans la manie ou la dpression); une perturbation du contrle de la conscience, de la mise en perspective des divers points de vue, formes altres

43、 du sens critique (croyance dlirante dans la paranoa, o le systme dinterprtation anticipe sur les preuves de son exactitude, et demeure impermable toute discussion; indiffrence du paranode la singularit de son exprience hallucinatoire qui a pour lui valeur dvidence);2) Dans les nvroses, au contraire

44、, cest un secteur seulement de la personnalit qui est atteint: ritualisme des obsds lgard de tel ou tel objet, angoisses provoques par telle situation dans la nvrose phobique. Mais le cours de la pense demeure intact dans sa structure, mme sil est plus lent chez les psychasthniques;|PAGE 10le contac

45、t affectif subsiste, quitte tre exagr jusqu la susceptibilit chez les hystriques; enfin, le nvros, quand bien mme il prsente des oblitrations de conscience comme lhystrique, ou des impulsions incoercibles comme lobsd, conserve la lucidit critique lgard de ses phnomnes morbides.On classe, en gnral, p

46、armi les psychoses, la paranoa et tout le groupe schizophrnique, avec ses syndromes paranodes, hbphrniques et catatoniques; parmi les nvroses, la psychasthnie, lhystrie, lobsession, la nvrose dangoisse et la nvrose phobique.La personnalit devient ainsi llment dans lequel se dveloppe la maladie, et l

47、e critre qui permet de la juger; elle est la fois la ralit et la mesure de la maladie.On a vu dans cette prsance de la notion de totalit un retour la pathologie concrte, et la possibilit de dterminer comme un domaine unique le champ de la pathologie mentale et celui de la pathologie organique. Nest-ce pas, en effet, au mme individu humain dans sa ralit que lune et lautre sadressent par des voies diffrentes? Par cette mise en place de la notion de totalit ne convergent-elles pas

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