1、mile DURKHEIM (1887)“ De lirrligionde lavenir ”Un document produit en version numrique par Jean-Marie Tremblay, bnvole,professeur de sociologie au Cgep de ChicoutimiCourriel: jmt_sociologuevideotron.ca Site web: http:/ le cadre de la collection: “Les classiques des sciences sociales“Site web: http:/
2、www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.htmlUne collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mile-Boulet de lUniversit du Qubec ChicoutimiSite web: http:/bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htmmile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 2Cette dition l
3、ectronique a t ralise par Jean-Marie Tremblay, bnvole, professeur de sociologie au Cgep de Chicoutimi partir de :mile Durkheim (1887)“ De lirrligion de lavenir ”Une dition lectronique ralise partir dun texte dmile Durkheim (1887), De lirrligion de lavenir. Extrait de la Revue philosophique, 1887, 23
4、, pp. 299 311. Reproduit in mile Durkheim, Textes. 2. Religion, morale, anomie, pp. 149 165. Paris: ditions de Minuit, 1975, 508 pp. Collection: Le sens commun.Polices de caractres utilise :Pour le texte: Times, 12 points.Pour les citations : Times 10 points.Pour les notes de bas de page : Times, 10
5、 points.dition lectronique ralise avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh.Mise en page sur papier formatLETTRE (US letter), 8.5 x 11)dition complte le 3 octobre 2002 Chicoutimi, Qubec.mile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 3Table des matiresSection ISection IISect
6、ion IIISection IVmile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 4“ De lirrligion de lavenir ”mile Durkheim (1887) *Extrait de la Revue philosophique, 1887, 23, pp. 299 311. Texte reproduit in mile Durkheim. Textes. 2. Religion, morale, anomie (pp. 149 165). Paris: Les ditions de Minuit, 1975, 50
7、8 pages. Collection: Le sens commun.Retour la table des matiresDans un article paru ici mme, en juillet dernier 1, nous exprimions le souhait quon se mt tudier la religion comme un phnomne social. Il nous semblait que la plupart des thories en vogue, faisant de la religion un simple vnement de la co
8、nscience individuelle, en mconnaissaient le caractre 1 tudes rcentes de science sociale. juillet 1886.mile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 5essentiel. A notre insu, le mme sentiment se trouvait au mme moment parta-g par plusieurs personnes. Notre article tait dj imprim, mais non publi,
9、 quand parurent dans la Revue philosophique deux intressants articles de M. Lesbazeilles, o la religion tait prsente comme un fait minemment socio-logique 1. Cest une conception du mme genre qui sert dide directrice au trs beau livre que M. Guyau vient de nous donner 2. Cette convergence toute spont
10、ane de vues et de tendances mritait dtre signale.Retour la table des matiresI. - Louvrage comprend trois parties : la gense des religions, la dissolu-tion des religions, lirrligion de lavenir.Les deux thories opposes par lesquelles on a essaye dexpliquer la gense des religions sont, daprs M. Guyau,
11、galement insuffisantes. Lhno-thisme de MM. Max Mller et Hartmann, cette doctrine idaliste, qui drive la religion dun vague sentiment de linfini et du divin, a le grave dfaut de supposer lorigine de lvolution des ides modernes. Quant au spiritisme de M. Spencer, cest un systme ingnieux, mais dont lex
12、igut nest gure pro-portionne au phnomne complexe quil prtend exprimer. Pourquoi lhomm-e naurait-il pas difi les phnomnes de la nature tout aussi bien quil a immortalis ses anctres ? M. Spencer rpond que pour imaginer des esprits dissimuls au sein des objets et des animaux, il faut avoir dj lide desp
13、rits, et quainsi le naturisme ne peut sexpliquer si le spiritisme ne la prcd. Mais un ftiche nest pas ncessairement un objet o ladorateur imagine un agent mystrieux ; cest cet objet tout entier, conu tel quil se prsente aux sens, avec les vertus bonnes ou mauvaises quy rvle lexprience ; et le croyan
14、t primitif nprouve pas le moins du monde le besoin de sexpliquer ces pro-prits en imaginant sous la masse matrielle quil a devant les yeux des forces invisibles et des puissances occultes.A vrai dire, lanim et linanim sont des distinctions abstraites et savantes dans lesquelles ne peuvent entrer des
15、 esprits aussi simples que ceux de lenfant ou du sauvage. Pour eux, tout est anim, parce que tout se remue et agit comme ils agissent et se meuvent eux-mmes. Ils sont donc tout naturel-lement induits voir partout dans les choses des tres vivants, capables daction. Cette vie, ils la conoivent comme l
16、a leur propre ; ils la supposent donc accompagne dintelligence, de conscience et de volont. Dautre part lexprience leur apprend vite que ces tres vivants ne sont pas des quantits 1 Les bases psychologiques de la religion. Avril et mai 1886.2 Guyau. - Lirrligion de lavenir, tude de sociologie, Paris,
17、 1887.mile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 6ngligeables dont on peut sans inconvnient faire abstraction. Tantt ils nous servent, et tantt ils nous nuisent ; ils ont en un mot une influence sur notre destine. Voil le deuxime lment de la notion de la divinit. Un Dieu cest un tre vivant a
18、vec lequel lhomme doit compter. Mais cest encore quelque chose de plus : cest un tre vivant dune puissance qui passe lordinaire. Cette ide, les hommes lobtiennent en constatant dans certains grands phnomnes la manifestation dune volont beaucoup plus puissante que la volont humai-ne, par consquent be
19、aucoup plus respectable.Nous avons maintenant les dieux et du mme coup la religion. Les dieux sont des tres plus puissants que lhomme, mais semblables lui, et qui vivent en socit avec lui. Le lien religieux ayant pour effet de rattacher lhomme ces tres suprieurs sera donc un lien social. Les hommes
20、et les dieux sont tout prs les uns des autres ; Ils se touchent sans cesse pour ainsi dire ; agis-sent et ragissent perptuellement les uns sur les autres. La religion est lensemble des lois qui rglent ces actions et ces ractions sociales. Naturelle-ment ces lois seront conues limage de celles qui rg
21、issent les rapports des hommes entre eux. Pour sassurer la protection et lamiti de ces puissances redoutables, lhomme emploiera les mmes moyens dont il use dans les mmes occasions avec ses semblables : prires, offrandes, marques de sou-mission, etc. La religion est donc une sociologie, mais qui est
22、sortie tout entire de limagination humaine ; elle rsulte dun raisonnement par analogie. Dautre part, comme elle a t invente pour expliquer lunivers, on peut dfi-nir la religion une explication sociologique universelle forme mythique .Naturellement cette sociologie volue comme la socit humaine quelle
23、 reflte. Elle passe par trois phrases. A lorigine, elle est toute physique. La so-cit des dieux comprend tous les objets de la nature, animaux, plantes, min-raux, avec lesquels lhomme est sans cesse en communication, sans quon songe encore y distinguer lme du corps, lesprit de la matire. La dissocia
24、-tion de ces deux ides primitivement confondues, lavnement du spiritisme ou de lanimisme marquent une re nouvelle dans lhistoire des religions. La conception desprits distincts du corps quils animent est un commencement dexplication mtaphysique. Comme ces esprits sont la fois puissants, pr-voyants e
25、t, suivant les cas, bienveillants ou hostiles, ils ne tardrent pas apparatre comme des providences qui intervenaient chaque instant dans le cours des choses et se mlaient la vie de la famille ou de la tribu. Lhomme se sentait ainsi chaque instant sous la main et la protection de la divinit, et, comm
26、e il tait incapable de se gouverner lui-mme, il trouvait son compte cette dpendance continue. En se dveloppant, ce concept dune puissance providentielle devait naturellement devenir lide dun Dieu ordonnateur, puis crateur du monde. Ici finit la seconde phase de lvolution religieuse, la pha-se mtaphy
27、sique. Pendant la premire, la force est lattribut divin par excellen-ce ; pendant la seconde, cest lintelligence, la science, la prvoyance. Dans la troisime, celle qui est en train de sachever sous nos yeux, cest la moralit. mile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 7Avec le temps en effet
28、la providence fut de plus en plus conue comme une puissance morale. On vit dans la divinit le soutien de lordre social, le ven-geur attitr de la vertu et lide de sanction naquit, Cette sanction on crut dabord quelle saccomplissait dfinitivement ds cette vie, puis peu peu on recula lpoque de lchance,
29、 au-del de la tombe. Lenfer et le ciel souvri-rent pour corriger cette vie dont limperfection devenait trop mauvaise. Quant au culte, cest la religion devenue visible et tangible ; comme elle, il se ramne une relation sociologique, un change de services. Lhomme qui croit recevoir des dieux se croit
30、aussi oblig de leur donner quelque chose en change. Il croit pouvoir leur tre utile ou agrable et de cette manire avoir prise sur eux. Plus tard, en se liant des sentiments levs, le culte ext-rieur et le rite ont pris un caractre symbolique. Ils ont servi a exprimer quel-que grand drame mythologique
31、 ou lgendaire. Enfin est venu le culte intrieur, linclination mentale de lme tout entire devant Dieu , et le rite na plus t que le symbole de cette adoration intrieure, qui trouve sa forme la plus haute dans lamour de la divinit. Cest ainsi que la socit des dieux et des hommes est alle en spurant et
32、 se spiritualisant de plus en plus. Dieu est devenu le principe mme du bien, la personnification de la loi morale.Retour la table des matiresII - Voil comment se sont constitues les religions que deviennent-elles aujourdhui ? (2e partie.) Il faut fermer les yeux lvidence pour ne pas sapercevoir quel
33、les sont en train de se dissoudre. Les dogmes sen vont. Par sa partie positive et constructive, la science est dj sur certains points en mesure de les remplacer. Sur une foule de questions, sur la gense du monde par exemple, elle nous donne des claircissements bien plus tendus et plus dtaills que la
34、 Bible. Mais elle a plus dimportance encore par son influence destructive et dissolvante. La gologie a renvers dun coup les traditions de la plupart des religions ; la physiologie du systme nerveux donne lexplication de bien des miracles ; les sciences historiques attaquent les religions jusque dans
35、 leur formation mme, et ces rsultats acquis de la science se transmettent peu peu des savants la foule par la voie de linstruction primaire. En mme temps, le commerce, lindustrie dveloppent lesprit dinitiative et le sentiment de la responsabilit. Lassurance substitue laction directe de lhomme linter
36、-vention de Dieu dans les vnements particuliers. Pourtant mme aujourdhui la foi a encore un dernier asile o elle se retranche : cest la sphre des accidents physiques et moraux. L notre actuelle impuissance, et surtout une ignorance trop gnrale incline bien des esprits chercher hors du monde lespranc
37、e dont ils ont besoin. Mais les sciences, mesure quelles progres-seront et seront mieux connues, parviendront dloger la foi de ce dernier mile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 8poste ; et la religion finira par disparatre ou tout au moins par se concentrer dans un petit nombre de fidles
38、. Sans doute, a-t-on dit, le dogme est insoutenable, pris la lettre ; mais pourquoi se tiendrait-on lexpression littrale ? Les mots nont pas de sens par eux-mmes ; cest lesprit chercher lide ; le texte le plus sacr a besoin dtre interprt. Malheureusement, une fois que le croyant eut t autoris par Lu
39、ther interprter, il fut vite induit a mettre sa propre pense la place de la pense divine ; et bientt on ne vit plus que des symboles mme dans les dogmes les plus essentiels, mme dans le dogme de la rvlation. Le Christ, les miracles ne font plus que figurer la divinit ; et encore pourquoi Dieu lui-mm
40、e ne serait-il pas un symbole ? Et on en est effectivement arriv ne voir en Dieu que lidal moral personnifi. Nest-il pas clair quune pareil-le doctrine nest quune philosophie inconsquente et ne mrite pas le nom de religion. Si le Christ nest pas un Dieu, pourquoi le prier, pourquoi voir dans sa paro
41、le le dernier mot de la vrit ? Parce quil est un homme dun genre extraordinaire ? Mais il est contraire la continuit historique et la loi du progrs de voir dans un homme, mme suprieur, lexpression de tous les sicles.Mais en dehors des dogmes, pris la lettre ou interprts symboliquement, il y a dans l
42、a religion quelque chose qui semble devoir rsister davantage la critique et maintenir la foi ; cest la morale. La morale sest dveloppe au sein de la religion qui lui a servi denveloppe protectrice ; la ncessit de cette pro-tection durera-t-elle toujours ? - Pour rpondre la question, lauteur analyse
43、avec soin tous les lments de la morale religieuse. Il en distingue deux essen-tiels : le respect et lamour. Mais le respect, tel que lenseigne la religion, nest quune forme de la crainte ; ce nest pas la vnration de lidal, cest la peur de la vengeance divine. Or la crainte est un sentiment pathologi
44、que qui na rien de moral. Quant lamour, les religions lont corrompu en le rclamant tout entier pour Dieu. Cet amour mystique dtache lhomme du monde et de lui-mme, le rend indiffrent tout ce qui lentoure et finit dans le dsenchan-tement et dans le dgot. Ce qui remplace aujourdhui cet amour contemplat
45、if et inerte, cest lamour actif et vivant de la famille, de la patrie, de lhumanit, de lidal. Pour ce qui est de la prire, ce grand adjuvant de la morale reli-gieuse, rien ne dmontre quelle soit indispensable. Laction tiendra lieu de la prire par amour et par charit ; et lextase o lesprit sabme dans
46、 une exalta-tion strile sera avantageusement remplace par la mditation et la rflexion philosophique.Il ny a donc rien dans la religion qui semble pouvoir chapper la dcom-position qui la travaille. Mais, dfaut de valeur intrinsque, peut-tre se maintiendra-t-elle, parce quelle est ncessaire un certain
47、 nombre desprits. On a soutenu en effet que les intelligences suprieures pouvaient seules se passer de religion, mais quil nen tait pas de mme ni du peuple, ni de mile Durkheim (1887), “ De lirrligion de lavenir ” 9lenfant, ni de la femme. M. Guyau a consacr la rfutation de cette thse trois chapitres (La religion et lirrligion chez le peuple, chez lenfant, chez la femme), quil est difficile danalyser, mais qui sont dun piquant intrt. On dclare qu